mardi 10 mars 2009

Journal du réel II (Quelques jours et quelques films au festival Cinéma du réel au Centre Pompidou)
Journée du samedi 7 mars 2009

No comment, Nathalie Loubeyre, 2008

Il y a presque tous les jours du festival une séance programmée à 11 heures au Centre Wallonie – Bruxelles (rue Quincampoix). C’est une sorte de rite : lorsque les réalisateurs sont présents, ils remercient les spectateurs d’être venus « si tôt ». Bon, c’est gentil, mais onze heures, ça va, y’a quand même pas mort d’homme. C’est souvent la sélection française qui est programmée dans cette salle (l’an dernier c’était pareil).
Samedi matin étaient donc projetés No comment et Mirages. Je n’ai vu que No comment. C’était stupide, mais avec les deux personnes qui m’accompagnaient, on s’est levé, d’un commun accord de ras-le-bol, après le premier film, comme si nous avions besoin de parler, comme s’il n’était pas possible d’enchaîner un autre film. Je ne crois pas que cela me soit souvent arrivé de trouver que le titre d’un film serait mieux adapté à sa critique. Dans ce cas, on pourrait dire « no comment » à propos de No comment. Mais ça ne serait pas très drôle ; et c’est un film sur lequel il y a beaucoup à dire. Le résumé explique en quelques mots dans le catalogue que le film procède de la même logique que le no comment de certaines chaînes télé : « Des images et des sons bruts d’événements sont livrés sans explication, juste avec un encart indiquant le lieu et éventuellement la date, l’intuition étant que ces images et ces sons seuls trahissent quelque chose du réel que les mots étouffent, qu’il y a une information spécifique et précieuse dans la nature informe des matériaux ».
Il semblerait que l’intuition ne se confirme pas, surtout lorsque le no comment dure 52 minutes, et se passe à Calais. C’est après la fermeture du camp de Sangatte. Les réfugiés de Sangatte, puis ailleurs dans Calais après la fermeture du camp ont déjà été filmés et photographiés. Peut-être pas beaucoup, mais souvent quand même. De grands travaux artistiques (je me souviens surtout du Dernier caravansérail) ont été entrepris autour d’eux, et un fort symbolisme est attachée à cette situation. Calais, Sangatte, ce sont des passages obligés pour toute personne, quel que soit le travail qu’elle effectue, qui s’intéresse aux migrations en France et en Europe. Cela aurait pu être une idée de choisir le silence, ou une forme de silence, pour essayer de dévoiler des choses, de parler autrement de ces hommes qui attendent et continuent d’attendre le moyen de passer en Angleterre dans les terrains vagues qui entourent Calais. Mais No comment, dans ce silence, ne dit rien qui n’ait été mille fois dit et redit. Le film s’attache à filmer des hommes dans leur misère. Lorsqu’ils parlent entre eux, leurs paroles ne sont traduites qu’une fois sur deux. Jamais ils ne sont montrés autrement que passifs : ils attendent la nourriture qu’on leur donne, ils attendent que le temps passe, ils attendent que les CRS viennent les expulser. Il y a une absence totale de prise en compte politique de cette situation, la seule mise en perspective du film est que la vie de Calais continue, normalement, dénonciation simpliste. Ce sont justement des gens de Calais, les gens des associations qui aident le plus. Mettre en parallèle la vie du samedi soir à Calais et la situation des réfugiés dans le film et parallèlement ne pas parler du tout des décisions politiques françaises et européennes qui ont permis cette situation est idiot. Alors, à coups de gros plans de visages se perdant dans les yeux si clairs des jeunes Afghans, de bateaux et de mer comme symbole de la fuite empêchée, de chants mélancoliques en persan, autant de clichés, le film ne construit rien d’autre qu’un constat passif et dérangeant, sans rien donner à penser. Et ce ne sont pas Les Bourgeois de Calais de Rodin, filmés en gros plan, leimotiv du film dont je n’arrive pas à comprendre le lien profond avec les réfugiés, qui arrangent les choses. Le film est construit autour de « titres » de saynètes, qui ne sont ni informatifs, ni poétiques, que j’ai perçus comme un pis-aller, permettant de tirer 52 minutes de rushes dont j’ai parfois tellement eu l’impression qu’elles n’étaient pas maîtrisées...
Un plan reste cependant du film : au cimetière de Calais, montrant le petit carré réservé à des tombes mal en point, sur lesquelles on peut lire que ce sont des réfugiés qui y reposent. Trace profonde s’il en est de la politique meurtrière de la France. Malheureusement, ces plans au cimetière ne durent pas plus de quelques secondes...

Job en de hollandse vrijstaat (Job And The Dutch Free State), Rosemarie Blank, 2009

L’après-midi, j’ai tenté une séance de la compétition internationale, qui m’a momentanément réconciliée avec cette sélection. Le premier film Job en de hollandse vrijstaat (Job And The Dutch Free State) ne m’a pas marquée sur le moment, mais il était tenu et intéressant, et il me revient avec insistance au moment d’écrire ces lignes. La réalisatrice a vécu quelques temps à la fin des années 80 dans la Conradstraat à Amsterdam, où de gigantesques entrepôts de vêtements étaient devenus des squats d’artistes. Elle a, cahin-caha, avec deux caméras 16 mm, filmé la vie dans ces entrepôts, leur évacuation par la police hollandaise, et puis surtout, celui parmi les squatteurs qui est resté après l’évacuation dans les ruines en démolition, Job. Le travail de montage, effectué près de 20 ans après les événements, tout en précision et suggestion, tire le maximum de ces rushes qui auraient pu n’être que des documents. Par ce personnage, dont on ne sait finalement presque rien et qui est lui aussi juste évoqué, le film entrouvre une lucarne sur l’espace hors norme qu’était ce monde inhabituel, au sein duquel Job, simple et étrange, idiot sans doute, maîtrisant parfaitement le monde qu’il se crée, pouvait être absolument libre.

The Time of Their Lives, Jocelyn Cammack, 2008

Le deuxième film était une espèce de gigantesque bol d’air et de rire. The Time of Their Lives. Hetti, Rose et Alison vivent toutes les trois dans une maison de retraite anglaise. Elles sont chacune plus ou moins centenaire (Hetti largement, Rose à peu près, Alison pas encore tout à fait). Leur maison de retraite accueille des vieilles personnes « actives » : dans le cas de Rose et Hetti, on pourrait même dire « activistes », puisque l’une comme l’autre sont mues par un dynamisme politique impressionnant, qui leur fait ne pas manquer une seule manifestation contre la guerre en Irak. Alison, elle, reconnaît qu’elle a baissé les bras en vieillissant, s’est mise à admirer Thatcher et à faire tout à fait partie de l’establishment. On pourrait penser que le film ne fait que reproduire le cliché inverse du cliché misérabiliste sur les personnes très âgées en maison de retraite. Si elles sont si dynamiques et en telle santé (Hetti marche des kilomètres par jour, d’un pas incroyablement rapide et sûr), si l’on ne peut s’apitoyer sur leur décrépitude physique et mentale, et sur les horribles conditions dans lesquelles elles vivent (ce qui est souvent le discours commun sur les maisons de retraite et les personnes très âgées), il faut donc s’émerveiller de leur capacité comme on le ferait pour de jeunes enfants et mettre sur le compte de la vieillesse leurs réactions, leurs pensées, leurs manières d’être. D’une personne de mon âge qui me dirait qu’elle admire Thatcher au-delà de tout autre femme, je la trouverais soudainement tout à fait antipathique. D’Alison, je me suis dit, bah, elle est mignonne malgré cela, c’est la vieillesse, c’est normal. La première partie du film joue pleinement cette corde-là, et les rires de la salle, entièrement acquise à ces vieilles dames terribles, attendrie et enthousiasmée, sonnaient parfois un peu étrangement. Oh, regardez comme elle est mignonne cette petite vieille si maniérée et tout à fait cocasse... Jusqu’à ce que Rose, dictant l’un de ses articles hebdomadaires pour le journal régional, nous renvoie à cette attitude un peu gâteuse à leur égard, en expliquant la difficulté qu’il y a à devoir tout réapprendre, qui n’est pas du tout la même chose que de devoir apprendre lorsqu’on est un bébé, même s’il y a sans doute des similitudes, car on est conscient de la perte de ses capacités... Elles parlent de la mort comme de la chose qu’elles attendent, elles souhaitent toutes les trois pouvoir bientôt "éteindre la lumière". La question de la vie digne affleure souvent ; elles pensent que l’étape d’après, la perte de la possibilité de se déplacer seule par exemple, serait insupportable. Pourtant, toute leur vie montre le contraire, que tout évolution nouvelle est ce contre quoi il faut se battre pour continuer. Évidemment, la maison de retraite qui les accueille doit être la plus parfaite maison de retraite de la terre, peu de résidents, un personnel nombreux et attentif, des activités adaptées, un jardin enchanteur, etc. Mais ce qui porte Rose et Hetti, un espoir politique fort et une certitude de la nécessité d’agir chacun à son niveau pour améliorer le monde, est bien le moteur de leur envie de vivre. Au-delà de la peinture enthousiaste et rigolote de ces vieilles dames hors du commun, ce qu’il reste du film est cette idée que si elles ne perdent pas l’espoir et le désir de se battre, alors nous non plus ne devons pas, et qu’être concerné par le monde aide certainement à vieillir sereinement...

En sortant de cette séance, j’étais réconciliée avec le monde, et la sélection internationale. Mais j’ai quand même pris la décision de miser sur une valeur sûre le soir, Pasolini, dans le cadre de la programmation Mille lieux.

J’avais compris l’an dernier qu’il fallait ne pas mégotter sur le risque de ne pas entrer dans une salle, et depuis, j’arrive très tôt, je me place comme une élève bien sage et très consciencieuse tout au début de la file des accrédités, pour être sûre d’avoir de la place. Pour Pasolini, même en arrivant une demi-heure à l’avance ça n’a pas marché : je me suis retrouvée au milieu de la file, incertaine d’être au bon endroit, à disserter un peu énervée avec mes voisins de file d’attente sur le fonctionnement des files : est-ce vraiment la bonne file d’attente ? combien de place laissent-ils aux accrédités ? est-ce que toutes les places payantes ont été vendues ? comment faire pour réserver une place dans la salle à quelqu’un ? et mon amie qui n’est pas encore là, ah, j’ai son billet, mais si moi je ne rentre pas, ça sera râlant, etc. Chaque année, même topo...

Sopralluoghi in Palestina per il film : Il Vangelo secondo Matteo (Repérages en Palestine pour l'Évangile selon saint Matthieu), Pier Paolo Pasolini, 1963.

Pasolini. Pasolini en repérages. Pasolini en Palestine. Pour son film L’évangile selon Saint Matthieu, Pasolini se rend en repérages en Palestine, « sa Bible à la main et un prêtre dans l’autre », comme a dit le programmateur en présentant le film. C’est à peu près ça, sauf qu’il n’a jamais concrètement la Bible à la main, soyons honnêtes. Je n’ai pas vu L’évangile selon Saint Matthieu, je n’avais donc en tête aucune image du film. Je connais un peu certains des paysages que Pasolini et son acolyte de prêtre traversent, et j’imagine aisément comme il doit être impressionnant de découvrir ces paysages comme il les a découverts. Sur la musique de Bach (La Passion selon Saint Mathieu), le film déroule avec une limpidité confondante ce travail de repérages, qui se donne les apparences d’une promenade tout ce qu’il y a de plus simple au pays de la Bible, pendant que les commentaires en off de Pasolini détaillent et expliquent sa déception comme ses enthousiasmes. Déception de ne rien trouver de ce qu’il s’était imaginé que pouvait comporter la Terre Sainte (un peuple « archaïque » comme il dit, une sacralité visible et évidente), et enthousiasme devant la simplicité de ce qui s’impose à lui : c’est par leur humilité même que ces lieux sont si grands, par leur misère et leur sècheresse qu’ils sont absolument sublimes. Mais de possibilités concrètes de tourner son film sur les lieux même de la Passion, il n’en voit guère. Les paysages dont il pourrait se servir comme décors, il trouve les mêmes en Italie. Les figurants ? Impossible : les Israéliens du kibboutz qu’il visite, outre de vivre dans une ville tirée au cordeau portent en eux toute la modernité depuis le romantisme. Il désire des visages bruts et archaïques, qui ne diraient rien de la modernité et tout de ce qui la précède. Mais dans les yeux et les cheveux clairs des Druzes qu’il croise au nord de la Galilée, il ne retrouve pas les visages des contemporains de Jésus. Et s’il lui arrive de tomber sur des scènes et des visages qui lui plaisent (magnifique première scène d’un homme remuant les blés coupés, soulevant par vague des étincelles de paille), la misère qui déborde de toute part de la situation des Bédouins et des Arabes est un obstacle aussi.
Le film est confondant de simplicité. J’ai encore du mal à croire que tout n’est pas arrivé juste comme ça pour la caméra, qu’il a fallu, de retour en Italie, monter les rushes du repérage, écrire la voix, et en faire un documentaire, de cette déception. Pasolini semble tout raconter comme sans réfléchir, comme on commenterait un voyage, pour des amis. Et pourtant, je ne crois pas avoir vu souvent la Palestine filmée ainsi, aussi pure et brute. Je ne crois pas avoir vu souvent d’aussi belles et simples images de Jérusalem. Et de manière aussi marquante pointé l’incroyable fossé qui sépare les Israéliens des Arabes. Deux mondes qui n’ont rien à voir, cohabitent à quelques centaines de mètres l’un de l’autre. Le film n’en dit rien, et en dit tout...
Au début de la projection, juste après le générique, la copie 35mm a eu un problème, il a fallu la relancer. Seul le sous-titre numérique est resté sous l’écran : la première phrase du film, que nous avons tous lue alors que les lumières se rallumaient : « Ce fut une apparition. Un miracle de tomber sur ça ». Sur la lumière, sur la salle ? Quelle étrange chose, que le miracle fut le non-début du film, commenté pourtant par le film pour ses spectateurs... La copie a été relancée, et ce fut cet homme remuant les blés qui était pour Pasolini le miracle, pouvoir enfin voir une scène « archaïque » telle qu’il en imaginait pour son film avant d’arriver sur les lieux et de s’apercevoir qu’elles n’existaient plus vraiment.


Adèle Mees-Baumann

6 commentaires:

Borges a dit…

Cela aide peut-être à comprendre le sens de la recherche de Pasolini...


"Labyrinthe – Chez Pasolini, par exemple, on trouve ce concept de rage qui détermine tous les éléments de la tragédie pour une expérience moderne: la sainteté irréligieuse, l’accouplement de la brutalité et de la beauté, etc. Mais à quelle réalité appartient ce concept, s’il n’est ni religieux ni politique?

Philippe Lacoue-Labarthe – C’est encore un concept religieux: la colère. Chez Pasolini, un des rares artistes presque authentiquement chrétiens de ce siècle, c’est évident. Sa force lui vient d’une dernière vie primitive chrétienne, une colère contre ce monde, contre l’injustice, au nom d’un amour de l’humanité. De même, ce qui anime Marx, enfant de la Réforme marqué par le piétisme radical que j’évoquais tout à l’heure, c’est la colère. Une colère de l’Ancien Testament, comme celle des prophètes, quand ils voient l’état où se trouve Israël. Cette colère définit une sainteté, qui est l’attitude prophétique. À l’origine de cette idée, on trouve les textes du grand prédicateur Oettinger, qui a eu tant d’influence sur Schiller, Schelling, Hölderlin. Oettinger est une figure majeure du piétisme, qui est un mouvement politique, puisque son mot d’ordre est révolutionnaire. Depuis Jakob Böhme, on exigeait une Réforme généralisée. Mais pour les piétistes, la Réforme a été seulement partielle, et fut par conséquent un échec. De même, plus tard, le communisme apparaîtra comme un échec, car l’établir dans un seul pays, cela ne veut rien dire. Il fallait donc généraliser la Réforme. Or, ce mot d’ordre a été celui des jeunes républicains souabes élevés dans la théologie, dont Marx dérive en droite ligne. Il y a là une Stimmung proprement vétéro-testamentaire, comme disent les théologiens, celle de la colère. Ou bien le Dieu d’Israël est un Dieu qui se met en colère et celle-ci devient sa manifestation même; ou bien les prophètes arrivent comme des personnages étranges, non pas pour dire l’avenir, mais pour s’adresser au peuple, et, dans la colère, l’accuser. Comme Moïse, comme Jérémie se mettent en colère. La Stimmung de la sainteté, c’est la colère et donc l’amour, c’est la colère."

http://labyrinthe.revues.org/index1484.html

lithana a dit…

Je m'étonne d'une critique aussi méchante de mon film "No Comment". On peut ne pas aimer le film, on a le droit d'être passé à côté... Mais le mieux n'est-il pas dans ce cas, de ne pas en parler ? Surtout quand on est soi-même une réalisatrice qui travaille sur le même thème, et qui défend sans doute les mêmes choses, mais avec d'autres moyens ? Et d'autant plus quand on écrit cette critique sans révéler cette position-là, assez particulière... Pour ma part, je m'interdis de dire publiquement du mal des films des collègues... Je préfère faire la pub pour ceux que j'aime... En effet, je sais trop combien il est facile de se laisser entraîner par le dépit de ne pas avoir été sélectionné ou primé à tel ou tel festival, et combien cela peut empêcher de voir le travail des autres de façon sereine et impartiale. Ou bien qu'il est facile de rater un film parce qu'on le regarde avec le filtre de sa propre démarche...
Il faut quand même savoir à propos de "No Comment" qu'il a été non seulement sélectionné au Cinéma du Réel, ce qui dans le milieu du documentaire d'auteur est évidemment en soi une reconnaissance, mais qu'il a aussi reçu le Grand Prix du documentaire de création au Festival International des Droits de l'Homme, décerné en mars dernier par Stéphane Hessel, Bruno Gaccio et Simone Bitton. Et qu'il a aussi fait l'objet d'un très beau texte de Smain Laacher, sociologue spécialiste des migrations, auteur de "Après Sangatte", et du "Peuple des clandestins", et qui considère au contraire que les Migrants de Calais ont été filmés dans "No Comment" comme jamais ils ne l'avaient été dans les nombreux films qui leur ont été consacrés jusqu'ici. J'invite donc le lecteur de Spectre du Cinéma à visiter le site du film (qui sera bientôt mis en ligne) et à se tenir au courant des projections prévues... Histoire de se faire une idée par eux-mêmes...
Nathalie Loubeyre, réalisatrice de "No Comment"

Adeline a dit…

Bonjour Nathalie,

oui, je suis d'accord qu'il n'est sans doute pas facile d'entendre ainsi parler de son film... Je ne cache pas le fait que je suis réalisatrice, et que je travaille sur les mêmes thèmes, vous l'avez découvert par vous-même, et je ne pense pas être "malhonnête", comme vous le sous-entendez un peu, en ne le précisant pas dans ce texte.
J'aurais sans doute dû prendre garde au fait que je risquerais de froisser le ou les réalisateurs des films qu'ainsi je critiquais. Je suis de même toujours touchée lorsque je lis des choses négatives sur les films que j'ai réalisés.
Cela fait partie du jeu. Faire la pub des films que j'aime ? Je le fais. Ne pas critiquer publiquement un film que je n'ai pas aimé ? Je suis moins persuadée que ce soit une chose à quoi il faille se tenir. Disons que c'est sans doute une attitude très bonne, mais est-elle juste ? Il était question ici de faire un compte-rendu des films que j'avais vus au Réel. Je m'y suis tenue ; j'ai réfléchi évidemment à cette question, à savoir, devais-je ne pas parler des films que je n'avais pas aimés?, mais alors, il n'était plus question de faire un compte-rendu, mais bien de la pub... Ce n'était pas mon optique, ça ne l'est pas lorsque j'essaye d'écrire sur les films.
Je m'excuse de vous avoir blessée, si tel était le cas.

Cependant, je préfère, à la réflexion, avoir parlé de "No comment", l'avoir porté à la connaissance de quelques lecteurs des Spectres du cinéma, plutôt que de n'en avoir pas parlé. Ainsi, peut-être verront-ils le film, et pourront-ils se faire, bien sûr, leur propre idée. Mon avis n'est que le mien, n'a pas d'autre valeur, et je suis contente que le film trouve un public et des lieux de diffusion, et des récompenses, ce que je souhaite pour tous les films. Finalement, ne vaut-il pas mieux une critique très négative, prouvant que le film fait réagir, plutôt que pas de critique du tout...

Enfin, surtout, soyez bien persuadée que ce n'est pas du ressentiment ou de l'aigreur qui m'ont fait écrire négativement sur votre film, mais bien seulement ce que j'ai ressenti durant la projection. S'il m'avait plu, la critique aurait traduit ce plaisir...

Je vous propose, dès que le site sera mis en ligne, d'en poster ici le lien direct, pour que les lecteurs puissent y accéder facilement.

lithana a dit…

Le fait de critiquer en soi n'est pas mauvais, et personnellement je ne me sens aucunement blessée, car, pour tout vous dire, une critique qui révèle autant d'incompréhension parle plus de son auteur que du film lui-même. Et comme vous le faites très justement remarquer, mieux vaut faire parler que passer inaperçu... C'est juste que, ayant découvert la place d'où vous parlez (que vous ne révélez pas dans votre critique, il a fallu que je fasse des recherches pour le comprendre, ce qu'un lecteur lambda ne fera sûrement pas), j'y ai trouvé une explication possible à un tel acharnement. Car quand on n'aime pas un film mais qu'on tient à en parler, trois lignes peuvent suffire... Et pour écrire tout ce que vous avez écrit, il faut déployer une énergie négative un peu malsaine qui doit bien être alimentée par quelque chose. (vous allez jusqu'à vous moquer des paroles de présentation du film, alors que vous savez combien l'exercice est difficile, et qu'il ne révèle rien d'autre qu'une difficulté à parler en public). Pour ma part, je pense que le fait d'être une collègue oblige à une certaine réserve pour les raisons que je vous donnais. Il ne s'agit pas de malhonnêteté, je ne doute pas que vous n'ayez pas aimé mon film... Ni même d'un désir d'épargner le réalisateur ainsi visé. Comme vous le dites le fait de faire un film expose à toute critique, positive ou négative. Mais il s'agit de comprendre qu'il est difficile d'avoir, à cette place, disons un peu "concurrente", un regard juste. Mais pour avoir compris cela il faut un peu de mâturité dans le métier, et un peu de générosité. Je ne doute pas qu'avec le temps (et le succès?), elles vous viendront...
Merci en tous cas pour votre proposition de mettre le lien du site dès qu'il sera prêt. Je n'y manquerai pas.

Adeline a dit…

Eh bien, espérons qu'avec la maturité et cette générosité que ne manqueront pas de m'apporter les années qui me manquent, j'en vienne à aimer vos films et à en faire des critiques positives !

lithana a dit…

Comme promis, même avec un peu de retard, voici le lien pour mon film No Comment http://nocomment.lefilm.free.fr/