dimanche 5 septembre 2010

CRITIQUES, VOS PAPIERS : Cleveland contre Wall Street (Jean-Stéphane Bron)

La justice ne prévaut pas toujours, à Cleveland



Un vrai-faux procès où la ville de Cleveland, dévastée par la crise des subprime, attaque les banques en justice : voilà une idée originale, qui promettait que la discussion soit plus ouverte que dans un Michael Moore, et moins hypocrite que dans In the air. Le fait est que Cleveland contre Wall Street constitue un parfait antidote au cynisme de ce dernier, sans parler des récentes « fictions de crise » comme Krach ou Wall Street 2, que nous n’avons pas vus mais dont les premières images laissent vite comprendre que leurs auteurs trouvent plus fascinant l’univers impitoyable des traders que le sort des pauvres cloches mises à la porte de leur maison à cause d’eux. Plus malin que Fabrice Genestal ou Oliver Stone, Jason Reitman avait saisi l’opportunité de la crise pour émailler une fiction sentimentale parfaitement convenue de quelques témoignages authentiques de chômeurs et enduire ainsi un scénario du dernier cynisme d’un badigeon humaniste et compassionnel qui suffit à certains pour présenter le film comme une satire du libéralisme et une critique de la sauvagerie en milieu professionnel. Il faut dire qu’In the air tombait à point nommé au moment où des masses d’éditoriaux indignés martelaient qu’il n’y avait rien de plus urgent que de moraliser le capitalisme – époque qui nous paraît déjà bien lointaine. Pourtant, par un curieux renversement, le personnage de George Clooney, serial killer du licenciement négocié, nous apparaissait progressivement comme un ange à la Franck Capra, qui ouvrait les yeux des salariés reconnaissants sur l’opportunité merveilleuse des licenciements abusifs : la main invisible du marché et la main de la Providence s’alliaient fraternellement pour forcer tout un chacun à sortir d’une routine contre-productive et à repartir du bon pied car le film affirmait sans ciller qu’un salarié licencié a toutes les chances de s’accomplir personnellement en choisissant le métier grâce auquel il réalisera enfin ses rêves d’enfant. Et si par malheur il ne retrouvait pas tout de suite du travail, il aurait au moins l’occasion irremplaçable d’éprouver la solidité des soutiens familiaux, car il est bien connu que le chômage fait le bonheur des familles, comme Jason Reitman a dû le lire dans les pages psychologie de Vogue.

A l’opposé de ces balivernes sociologiques rêvées up in the air, dans le confort d’un fauteuil de Classe affaires, le film de Jean-Stéphane Bron prend le risque du terre-à-terre en se posant à Cleveland pour y enregistrer de longs débats où des considérations pointues sur les mécanismes de la finance entrent en collision avec le témoignage d’habitants de Cleveland, surendettés et chassés de chez eux. Là où Jason Reitman déminait tout ce que la greffe documentaire pouvait avoir d’explosif confrontée au réel convenu d’une fiction majoritaire, Jean-Stéphane Bron fait le pari que le débat sur la crise n’a pas eu lieu et qu’il reste à en écrire la fiction. Cleveland contre Wall Street met donc en place la fiction d’un procès opposant la ville de Cleveland aux banquiers, en s’appuyant sur les témoignages authentiques des parties adverses, de telle manière que le documentaire fasse naître la fiction, au lieu d’être neutralisé et absorbé par elle comme dans In the air.

Pourtant, le film semble d’abord avoir quelque chose de bancal par ses infidélités au dispositif judiciaire qu’il a lui-même mis en place. D'un côté, il joue le jeu du procès, distribuant équitablement la parole entre les deux parties, laissant le spectateur se faire son idée, accepter les arguments de l'un, déconstruire les arguments de l’autre, confiant dans le travail de la justice. Mais dans le même temps, le cinéaste ne peut se résoudre à un simple jeu de champ/contrechamp à l'intérieur du tribunal, entre les parties adverses : régulièrement, il faut qu'il sorte filmer les gens expulsés de chez eux, les avenues interminables de lotissements vidés de leurs habitants et laissés à l'abandon, la vente aux enchères d'une maison à laquelle le propriétaire, ruiné, assiste impuissant et honteux ; bref, il joue en même temps sur un autre plan, qui fausse les règles du jeu judiciaire. Certes, il fallait bien que les ravages de la crise ne restent pas abstraits, il fallait que le public se les voie rappeler. Mais on ne peut pas s’empêcher de penser tout d’abord que c’est une sorte de tricherie, même pour la bonne cause, et que Bron fait une entorse aux principes qu’il a lui-même posés en laminant les arguments de l’avocat de la finance, à l’insu de celui-ci, par une ruse de montage qui se contente d’opposer le plan d’une maison désolée aux paroles creuses des banquiers. Il nous semblait que c’était une faiblesse, la faiblesse d’un film un peu trop sûr de ses moyens, qui croit que la vérité sort tout armée de simples champs/contrechamps. Un plan pour l’avocat jovial et sympathique, qui clame que les banques ne sont pour rien dans le surendettement de leurs clients, au nom d’une morale de la responsabilité individuelle selon laquelle tout gogo est responsable de sa banqueroute. Un plan pour les plaignants, racontant à la barre comment ils ont été bernés et ruinés. Puis, hors tribunal, un plan sur le visage muet d’un père de famille voyant sa maison mise aux enchères, sous les yeux de son fils. Forcément, le troisième plan court-circuite les deux autres, faisant éclater la vérité avant le verdict du tribunal, comme pour gagner sur les deux tableaux en même temps.

La séquence finale arrivant, on se dit que ce n’est pourtant pas si simple. Déjà, le film ne cesse de gagner en force au fur et à mesure des témoignages, parce qu’il n’implique pas seulement les banques mais les courtiers peu scrupuleux (dont l’un explique qu’il est passé naturellement du trafic de drogue aux ventes immobilières), les mesures gouvernementales des années Clinton (1), les think tanks ultralibéraux. C’est tout un « système » qui se trouve mis en cause, où les responsabilités sont tellement disséminées et partagées, que le procès ne laisse pas d’autre désir que celui de renverser de fond en comble toute cette baraque construite à l’envers comme la maison démontable de Buster Keaton, qui elle aussi tournait si vite sur elle-même dans la tempête qu’elle jetait tous ses occupants dehors.



Ensuite, le procès donne l’occasion de comprendre pourquoi le discours ultralibéral sur lequel un tel système se fonde va jusqu’à séduire ceux qui en sont les victimes et ébranler les convictions de ceux qui cherchent à le mettre en cause. Car s’il est un point commun entre les avocats et les détracteurs des banques, c’est l’idée d’un droit au bonheur compris comme droit à l’égoïsme : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur », comme l’a formulé pour l’éternité la Déclaration d’indépendance de 1776. Cette idée est si bien partagée par les deux parties qu’à aucun moment elle n’est mise en doute : au lieu d’être présentée comme l’objet d’une construction politique, qui n’a donc pas d’autre légitimité que contractuelle, elle est sans cesse avancée comme un fait de nature dont il n’y a pas plus à discuter que de la gravité ou de la température d’ébullition de l’eau. Aussi l’avocat des banques a-t-il beau jeu d’arguer incessamment qu’il est naturel que l’homme cherche son intérêt personnel, n’ait pas de plus grand désir que celui d’investir et de s’enrichir, et qu’en plaçant son argent dans les mains des investisseurs, il réalise pleinement son essence – et le dessein de Dieu. L’un des points les plus saillants de l’argumentaire de Keith Fisher, l’avocat de la finance, est ainsi le soin qu’il met à déraciner le moindre soupçon à ce sujet. A l’un des témoins qui se repent d’avoir eu le « bas instinct » de vouloir faire de l’argent à tout prix, il rétorque à peu près ceci : « Comment ça, « bas instinct » ? Vous vouliez juste engranger un profit : quoi de plus normal, de plus naturel ? Alors, pourquoi dites-vous « bas instinct » ? C’est juste un instinct. » Rien de plus urgent, donc, que de déminer, comme un contresens, la moindre expression qui mettrait en doute cette donnée anthropologique fondamentale que l’homme est par nature égoïste et qu’il produit des banques cupides comme le pommier des pommes. On voit mal d’ailleurs comment se concilient dans le plaidoyer du financier un tel discours essentialisant et celui qui déclare tout homme responsable de ses actes, en tant qu’ils sont l’expression d’une volonté libre. D’un côté, l’homme est sans cesse présenté comme naturellement rapace ; de l’autre, il l’est librement et doit donc l’apprendre à ses dépens, sans reporter la faute sur les banques. Voilà qui est bien curieux. C’est comme si, les hommes étant injustes, il n’y avait pas de raison que la justice humaine soit plus juste que les hommes : la justice serait même d’autant plus juste qu’elle laisse faire ce qui est injuste ; c’est sa vertu pédagogique de consacrer un état de fait en tirant par l’oreille les pauvres qui ont eu la naïveté de croire ceux qui les trompaient en les encourageant à être aussi égoïstes et intéressés que les autres, ceux qui en ont naturellement le droit, c’est-à-dire les moyens. On a le sentiment que la justice serait proprement sacrilège si elle ne donnait pas entière liberté de s’épanouir à l’égoïsme naturel des hommes, dont les résultats désastreux, qui ne sont douteux pour personne, doivent cependant avoir leur raison sur un plan divin ou providentiel, dont il n’y a pas à discuter parce que la raison humaine ne peut en rendre raison. La liberté, c’est ainsi de laisser faire la nécessité, car tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles

Là où le film trouve sa vraie force, c’est au moment de la délibération des jurés, dans la séquence finale, où ces contradictions amènent le procès à se heurter à ses limites mêmes. Au moment où les jurés confrontent leurs vues, il apparaît que le verdict, contrairement à ce que nous, spectateurs, pouvions croire, ne va pas de soi. Ca tient dans une phrase, celle d’une jurée, qui ressemble à Nancy Reagan : « La justice ne prévaut pas toujours » répond-elle au juré qui lui demande de justifier pourquoi elle ne juge pas les banques responsables de la crise. « La justice ne prévaut pas toujours et je ne peux pas trahir ce que je sens dans mon cœur ». Alors même que, par cette conclusion, elle reconnaît la validité des chefs d’accusation, quelque chose la retient de l’exprimer par son vote : ses convictions, « son cœur », un sentiment plus fort que celui de ce qui est humainement juste. S’ensuit un champ/contrechamp muet entre cette vieille dame très digne et l’homme en face d’elle, pour qui, à l’inverse, la responsabilité des banques ne fait même pas question tellement elle lui semble évidente.

C’est là, dans ce face-à-face muet entre deux visages, que le film touche sa limite et trouve une vraie force parce qu’il met à nu l’opposition irréconciliable entre deux manières de définir le juste et l’injuste, entre deux croyances adverses, dont aucun procès ne pourrait venir à bout, tant elles semblent engager quelque chose d’indéracinable, d’antérieur aux paroles (2). Si bien que le film est autant le procès du capitalisme que le procès du procès lui-même, le procès du dispositif légal censé régler les différends, en lequel il plaçait sa confiance, au moins fictivement (puisque ce faux procès avait lieu à défaut du vrai, qui ne se tiendra sans doute jamais). Il ne sort rien de certain ni de juste, au tribunal, de cette confrontation « dans les règles » d’un champ et de son contrechamp, de cette parole contre une autre, celle des plaignants contre celle des banquiers, sinon un dialogue de sourds dont on voit à l’avantage de qui il tourne et comment ses présupposés anthropologiques et théologiques se contentent de sanctionner l’état des choses, de consacrer la victoire des vainqueurs et la défaite des perdants au nom même de leur victoire ou de leur défaite. Car finalement, pour vous livrer le dénouement du film, le cœur l’aura emporté sur la justice, par 3 voix contre 5. Il en fallait 2 contre 6 pour que la ville de Cleveland ne soit pas déboutée. Première leçon du film : il y a peut-être un moment où discuter ne sert plus à rien, où débattre « dans les règles » de ce qui est juste ou injuste ne suffit plus si les règles tournent toujours à l’avantage des mêmes.

Deuxième leçon : sur quoi fonder alors la définition de ce qui est juste, quand la justice elle-même ne rend pas la justice ? Elle ne peut se fonder sur rien de stable, mais seulement sur la décision qui tranche dans ce qu’il y a d’incertain dans la situation. C’est là que les plans muets des maisons vides, des visages des exclus, trouvent peut-être une autre signification. Ils ne sont plus un simple démenti apporté aux belles paroles des privilégiés du système ; ils doivent aussi valoir pour eux-mêmes, comme une image qui serait à elle-même son champ et son contrechamp et dont il faudrait saisir ce qu’elle a d’indécidable. Il faut les dépouiller de ce qui leur donne un caractère consensuel, que pourraient partager les plaignants et les banquiers, si ceux-ci n’y voient rien d’autre que les symboles pathétiques d’une situation sociale malheureuse. Le point de dissensus, c’est quand ces images perdent leur caractère d’évidence au point que certains y verront le signe d’une injustice intolérable, et d’autres se contenteront de s’apitoyer sur le fatum qui voue l’humaine nature, éternelle dupe de l’avidité de ses instincts, aux épreuves que lui oppose la Providence, dont le siège social est à Wall Street, comme chacun sait. Certes, on ne peut pas dire que Jean-Stéphane Bron cherche à atteindre ce moment d’étrangeté où l’image des choses et des êtres rend ceux-ci à leur différence, à ce qu’ils ont d’indéchiffrable, ne serait-ce que parce que la galerie de portraits des exclus, à la fin, s’accompagne d’une chanson de Bruce Springsteen qui en construit le sens, en rappelant la nécessité de la lutte (3). Mais pour autant, le verdict défavorable à la ville de Cleveland, les paroles de la vieille dame, l’échec du procès qu’on vient juste de voir, ne se laissent pas oublier et ouvrent la question de ce que font réellement voir ces portraits qui ferment le film, en deçà de leur mise en scène militante. Lors du procès, l’avocat de Cleveland demandait à Peter Wallison, ancien conseiller de Ronald Reagan et chantre de la dérégulation financière la plus débridée : « M. Wallison, êtes-vous allé dans les quartiers est de Cleveland ? », manière de lui demander s’il avait vu les ravages qu’y faisaient les expulsions des habitants les plus pauvres de la ville. Mais la question a ceci de maladroit et de naïf qu’elle suppose au fond qu’il suffit de voir un pâté de maisons mises aux enchères pour tout de suite rejoindre le Communist Party. Qu’aurait vu Peter Wallison qu’il ne sache déjà ? Qu’aurait-il vu d’autre, sinon la confirmation que le capitalisme, en dépit de ses ratés, est le moins imparfait des systèmes ?

Un visage, une maison désertée, ne décident de rien. Ainsi la vieille dame et Peter Wallison ne voient-ils dans ce qu’il y a que la preuve qu’il doit en être toujours ainsi, et l’ouvrier exproprié, par ses malheurs, justifie seulement que chaque être doit rester ce qu’il est dans l’ordre des choses : un ouvrier doit rester un ouvrier, avec des rêves d’ouvrier, des ambitions d’ouvrier, une vie d’ouvrier, sans rien désirer d’autre. Chaque chose à sa place : les mains à la place des mains, la tête à la place de la tête, le cœur à la place du cœur, comme dans la vieille fable des membres et de l’estomac (4). Ces visages, ces plans de maisons vides, offrent pourtant à lire quelque chose d’autre, qui n’est pas lisible et dont il faut décider. Ils donnent à voir quelque chose d’invisible à ceux qui ont expérimenté qu’à la place de ce qu’il y a, de ce qu’on voit, il pourrait y avoir tout autre chose (5). Le visage muet des choses et des hommes, qui circule dans les interstices du procès du film de Bron, prend alors la forme d’une question à laquelle, dans l’incertitude où laisse ce silence, il faut pourtant décider de la réponse à donner.

Sébastien Raulin




(1) Le nom de l’administration Clinton n’est pas cité lors du procès, peut-être par souci de ménager le camp démocrate au moment où Barack Obama a été élu ; on voit d’ailleurs à la fin du film le nouveau président écouter les revendications des associations de défense des exclus de Cleveland et promettre un changement, qui tarde à venir… Rappelons néanmoins que c’est bien l’administration Clinton qui a aboli la loi Glass-Steagall en 1999, une des réglementations mises en place par Roosevelt en 1933 pour interdire aux banques de dépôt de risquer l’argent de leurs clients. Voir l’article de Serge Halimi, « Le gouvernement des banques », Le Monde diplomatique, juin 2010 ; http://www.monde-diplomatique.fr/2010/06/HALIMI/19180

(2) L’autre moment fort de la délibération selon nous, c’est celui où un juré raconte qu’il n’a pas fait d’études, qu’il a travaillé dur, que son fils est en Irak, et qu’il en a toujours été ainsi dans ce pays, où entrer dans l’armée et risquer sa vie en Irak doit être reçu comme un honneur pour les familles sans éducation comme la sienne. Tout ce qu’on lui a appris quand il était enfant, c’était de respecter « the Man », celui qui sait, qui porte un costume, qui a reçu une éducation, et à qui on peut s’en remettre de confiance pour toutes ces raisons. Ce juré doit parler deux minutes et il y a tout dans son discours.

(3) Bruce Springsteen chante « Pay me my money down », un classique du répertoire ouvrier, où le chanteur réclame que son patron le paie ou aille en prison.

(4) « Dans le temps où l'harmonie ne régnait pas encore comme aujourd'hui dans le corps humain, mais où chaque membre avait son instinct et son langage à part, toutes les parties du corps s'indignèrent de ce que l'estomac obtenait tout par leurs soins, leurs travaux, leur ministère, tandis que, tranquille au milieu d'elles, il ne faisait que jouir des plaisirs qu'elles lui procuraient. Elles formèrent donc une conspiration : les mains refusèrent de porter la nourriture à la bouche, la bouche de la recevoir, les dents de la broyer. Tandis que, dans leur ressentiment, ils voulaient dompter le corps par la faim, les membres eux-mêmes et le corps tout entier tombèrent dans une extrême langueur. Ils virent alors que l'estomac ne restait point oisif, et que si on le nourrissait, il nourrissait à son tour, en renvoyant dans toutes les parties du corps ce sang qui fait notre vie et notre force, et en le distribuant également dans toutes les veines, après l'avoir élaboré par la digestion des aliments. » (Tite-Live, Histoire romaine)

(5) Alain Badiou, « Politique et vérité », Contretemps n°15, février 2006 ; http://www.contretemps.eu/archives/alain-badiou-politique-verite

1 commentaire:

Raphaël a dit…

Enfin vu le film, suivi d'un débat avec le réalisateur. Le mec a l'air vraiment intéressant et on sent que son film, son dispositif ont été mûrement réfléchis.

J'ai été étonné qu'il présente le déroulé des auditions un peu comme une enquête. Normalement l'enquête a lieu avant le procès, pas pendant, mais le spectateur ignorant doit bien découvrir un élément après l'autre, refaire le cheminement, être un peu pris en main. Ainsi, on part du flic qui exproprie les petites vieilles pour arriver à la tête pensante Républicaine. A la fin, on a donc remonté tous les maillons de la chaîne.

C'est quand même assez brillant. Et ton texte est au niveau. Je l'ai d'ailleurs recommandé à Bron, lol.

J'aime beaucoup ce que tu dis des visages et des façades muettes sur la fin. Je n'avais pas cherché à leur prêter une telle importance.

En tout cas, avec ce film et The Cat, the Reverand and the Slave, on a deux très bons documentaires réalisés aux Etats-Unis par des "étrangers" (Bron est suisse, Della Negra est français, je crois, et sa compagne et coréalisatrice, japonaise pour être précis). Heureusement qu'ils sont là pour relever le niveau de Michael Moore ! :-D