vendredi 5 septembre 2008

EXTRAITS #1 (V)

Ce que la guerre du Golfe ne montrait pas…
par SIMON PELLEGRY

Au début était une caméra, puis elle enregistra, puis elle se fit légère, puis elle se transporta, puis elle se fit voyante.

Voyante, une caméra ?

Au moment de la guerre du Golfe, oui, les caméras se firent trop voyantes. Jamais on ne connut une telle mise à distance des images caractérisée en premier lieu par l'absence totale d'images de combats. Ne nous restent que quelques bribes d'images, très abstraites, de vues aériennes servant un seul et unique dessein, affirmer la puissance de l'état-major américain.

Lors de la seconde guerre du Golfe, si proche de nous, le contrôle des images fut absolu. Verrouillage total. Pourtant, première contradiction, nous étions plongés dans le concept du "direct-live" à savoir des images tournées en direct, "au coeur de l'événement". L'avalanche d'images que propose cette notion particulière est en réalité trompeuse, car supposant l'immédiateté du réel.

Une immédiateté que recherchent aussi, d'une certaine façon, les films dont nous avons parlé précédemment et qui tous, à leur façon, cherchent à donner un rapport immédiat au réel là où, en réalité, nous en sommes éloignés par l'image même. Au sein de cette relation se joue une véritable problématique, celle du regard, et, surtout celle de la question du regard. Que sommes-nous en train de regarder ? Regardons-nous ce qu'il faut ? Voyons-nous ce qu'il faut voir ? Comme il faudrait le voir?

L'idée partage et traverse les quatre films : "il faut filmer", "il faut tout capturer", "as-tu pu filmer tout ça", "si tu n'as pas filmé, ça ne compte pas". Autant d'extraits de dialogues qui peuvent appartenir à Cloverfield comme à Redacted, à Rec comme à Diary of the Dead. En toute logique, la réalité s'inscrit là où ces films interrogent, s'interrogent sur le regard, c'est pourquoi il nous faut, nous, nous interroger sur la construction de celui-ci. Comment sont construites et quels discours portent toutes ces images ?

[...]

(retrouvez la suite de cet article en page 22 du numéro un en ligne dès le vendredi 5 Septembre 2008)

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