vendredi 5 septembre 2008

EXTRAITS #1 (IV)

Tournent, les fantômes… (autour de Ghost Dance, un film de Ken McMullen, 1983)
par JEAN-MAURICE ROCHER


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Il s'agit de "tourner les mots" dans une ronde d'images, faire "danser les esprit", comme l'indique bien le titre du film en référence à une danse tribale des Indiens d'Amérique. C'est ainsi que le spectre du Marx d'un autre temps plane, par exemple, dans un magasin de hi-fi vidéo via un étonnant vendeur joué par Dominique Pinon (pour son petit air de ressemblance avec le philosophe allemand ?) qui déchiquette la marchandise avec ses dents, que le fantôme de Freud aussi répond présent d'une certaine façon au creux des rêves racontés par Pascale, rêves aux résonances forcément érotiques5, ou que le spectre de Kafka apparaît en début de 6e chapitre (titré "Trial, the power through absence") par l'intermédiaire de l'absurde histoire maintes fois racontée par lui-même de Derrida chez les Tchèques alors que la caméra s'attarde en mouvements amples devant le ressac de la mer frappant une jetée.

Si Pascale se découvre une nouvelle passion pour les fantômes par l'intermédiaire de Jacques Derrida, complète sa connaissance de la science de ceux-ci grâce à sa part féminine qui empêche le philosophe de lui enseigner davantage, "cause, there are things that a man can't teach to a woman", son amie Marianne, elle, vit quotidiennement avec les spectres de l'Histoire. Elle couche auprès de la tombe de Marx dans le cimetière londonien de Highgate, visite au cimetière du Père-Lachaise le lieu de retranchement des derniers communards, colle sur les murs de son appartement les affiches du comité de salut public ainsi que les photos des fusillés de la Commune dans leurs cercueils. Frappent moins les posters géants sur les murs que la manière dont ils reviennent inlassablement dans les vagues, s'échouant sur la plage, lorsque la jeune femme les jette dans la mer comme pour s'en débarrasser en début comme en fin de film.

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(retrouvez la suite de cet article en page 71 du numéro un en ligne)

EN BONUS, le lien vers le site où vous pourrez télécharger le film en VO, ainsi que les documentaires "Derrida" et "D'ailleurs Derrida". ;-)


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