vendredi 5 septembre 2008

Discussion autour des critiques entre lecteurs et rédacteurs (#1)

"Jugement axiomatique : Le jugement l'indiffère. Parler axiomatiquement d'un film reviendra à examiner les conséquences du mode propre sur lequel une Idée est ainsi traitée par ce film. Parler d'un film sera souvent montrer comment il nous convoque à telle Idée dans la force de sa perte ; au rebours de la peinture qui est par excellence l'art de l'Idée minutieusement et intégralement donnée. Parler axiomatiquement d'un film, c'est en parler en tant que film. Indiquer ce qu'il pourrait y avoir, outre ce qu'il y a." Alain Badiou, Petit manuel d'inesthétique, 1998.

Dans le numéro un :

Critiques (page 73)

Les Ruines de C. Smith, par Lorin Louis. 73

Shrooms de P. Breathnach, par Lorin Louis. 73

Bon baisers de Bruges de M. McDonagh, par Stéphane Belliard. 74

Glory to the filmmaker! de T. Kitano, par Lorin Louis. 75

Falafel de M. Kammoun, par Lorin Louis. 77










(merci de proposer des commentaires construits qui prennent la peine de toujours préciser de quel film vous parlez, et avec qui vous discutez si vous répondez à un commentaire précédent).

photo du film Les Ruines, C. Smith.

1 commentaire:

JM a dit…

A PROPOS DE THE RUINS

Hello Lorin Louis,

J'ai enfin regardé The Ruins, juste avant la parution du numéro, grâce à ta critique du film !

Je ne suis pas trop d'accord avec ton texte. J'ai plutôt le sentiment que cette aventure saisi plus, au contraire, l'aplomb et la volonté - ainsi, par exemple, Jeff l'étudiant en médecine semble vraiment avoir la vocation. Même Stacy, la fille qui délire la scène d'amour de son copain avec l'autre fille, ne délire pas totalement, ou au moins a des raisons de douter de sa copine comme on le voit au début du film.. puis lorsqu'elle tue son ami, là aussi elle fait un geste plein de bon sens car elle sait que tous sont déjà condamnés : tac directement le couteau dans le coeur et pas au milieu du ventre dans la cible dessinée sur son t-shirt. D'ailleurs, elle s'excuse lorsqu'elle blesse l'autre garçon mais pas quand elle tue brusquement son copain. La "folie" serait plus du côté de son copain à qui elle reproche juste avant de dire toujours "that's all right" alors que décidément "rien ne va". Ou alors tu considères que c'est la même chose mais c'est dommage que tu ne précises pas plus quand tu parles à plusieurs reprises de "folie" même si ton texte est plus à la recherche d'un lien entre les deux films qu'une analyse poussée de The Ruins. Peut-être dit-on la même chose, différemment ?

Il y a, de mon point de vue, ce très bon plan autour de la piscine, au début, lorsque Mathias voit de loin que Amy a perdu sa boucle d'oreille au fond de l'eau et qu'il va la chercher dans la piscine pour la lui rapporter. Ici, furtivement, il est clair que le jeune allemand fait un choix raisonné, au delà du plan drague, il choisi ses partenaires pour aller à la pyramide. Reste à savoir s'il savait ce qu'il allait y trouver (la mort), ou pas ? Son choix est volontaire, mais était-il déjà conscient du choix réel qu'il faisait ?

Il y a aussi cette très belle scène sous la tente, la pulsion de la fille qui a eu peur dans le puits et qui commence à tripoter le sexe de son copain sous le duvet, qui cherche la vie dans le membre dur de son ami. C'est elle qui sent le mieux la mort qui rôde, je crois, un des gars est trop rationnel (le futur médecin), l'autre est un peu "à l'ouest", dans les vapes. Ca pourrait être grossier, vulgaire mais c'est simplement très réussi, très fort, pas graveleux. On part avec un scénar type L'île de la tentation et on revient avec beaucoup plus.

La mise en scène finale de Jeff prouve sa lucidité, lucidité infernale puisqu'elle permet de libérer de son périmètre la plante tueuse via sa copine qu'il croit ainsi sauver, le film va jusqu'au bout. Bon petit film.

Une dernière chose pour l'instant, l'ironie de situation où le portable ne sert plus à rien au fond du puits m'a rappelé la manière dont est ridiculisée la technique dans d'autres films récents du même genre, The Descent et Open Water. J'avais commis à l'époque un petit texte entre autre à propos de cela que l'on peut lire sur mon blog. Ici, l'ironie suprême est que les plantes sont capables de reproduire la sonnerie du portable pour attirer les visiteurs dans leur guêpier. Dans la scène qui se déroule au fond du puits, lorsque l'on comprend que les plantes reproduisent ce son, on peut se demander comment elles ont pu l'entendre, cela signifierait que le téléphone fonctionnait bel et bien à un moment donné mais que son usage n'en a pas été fait. Cela nous ramène au choix évoqué précédemment. La "folie", c'est se précipiter vers sa mort, ou la repousser aussi loin que possible ?